Elle prendrait peut-être un chien. C’est bien un chien. Mieux qu’un chat en tout cas.
Elle avait choisi cette maison pour son isolement.
Elle aimait bien ça, l’isolement.
Isolamento
C’est encore plus beau en italien.
Des champs de colza à perte de vue, un vieux chêne pour frontière entre le jardin, son jardin, et le reste du monde. Leur monde.
Elle se voyait bien passer là le reste de ses jours, semaines, mois, années. Une vie simple et dénuée d’interférences, de faux-semblants, de turbulences. Une retraite revendiquée, affichée comme un étendard, comme des remparts.
Un no-man’s land sans barbelés, sa solitude cadastrée, limites continentales de sa sociabilité.
Elle regarderait passer les migrations et les saisons, indifférente à la course du temps et au tumulte des villes, aux turpitudes toutes virtuelles d’une société désaxée.
La parole serait rare en son royaume. Elle prendrait le Mutisme pour religion. Ne lui parviendraient que les sons de la faune et de la flore, partageant son environnement, colocataires de fortune à la présence peu importune.
Souvent, le soir, dans sa presque-toscane, quand le soleil caresse les champs de blé et que la fournaise s’apaise enfin, elle s’assiérait, entre maïs et colza, Simon & Garfunkel* dans ses oreilles, très fort et très longtemps, mantra hypnotique, générateur de sensations, défibrilateur d’émotions.
Plus tard, elle abandonnerait enfin son champ aux stridulations des grillons, déjà maîtres de la nuit, bientôt rejoints par criquets et sauterelles pour leur opéra nocturne, ambassadeurs majestueux de la Nature.
Elle dormirait fenêtres ouvertes pour profiter de ce concerto, berceuse entomologique, madeleine de Proust d’étés d’enfant, promesse de pêches et de melons, de jours plus longs, de fronts en sueur, sublimes chaleurs.
Pour compagnon, elle ne conserverait que ses souvenirs, une vie d’autrefois parsemées de plusieurs sourires et quelquefois d’avenirs. Des réminiscences lointaines, vagues familières, la submergeraient parfois, contre son gré, contre sa Loi.
Elle serait riche de tout cela, de ses avants, de ses maintenants.
Elle s’imaginerait le jour venu dans sa cuisine, au sol damier, les cheveux d’argent et le regard déjà ailleurs, déjà demain, déjà plus loin.
. *I'd rather be a forest (than a street)
Quel beau voyage …
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Merci pour votre passage par ici 🙂
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Tu sais que j adore ta manière d’écrire!
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Merci beaucoup et merci de rester fidèle entre les fidèles…
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Ah la Toscane…, quelle source d’inspiration ! Je m’y vois aussi… Et un poème de plus pour le recueil qui, à ce rythme-là, sera publié pour Noël ! Ce serait bien, non? ;-). Bises
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Toi tu cherches un job d’agent littéraire 😉 Bises
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Je ne sais pas trop en quoi ça consiste, mais pourquoi pas… J’aimerais écrire aussi, mais je n’ai pas ton talent ;-). C’est ok pour mercredi, il faut qu’on se cale ça ! Bonne journée, bises
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Away I’d rather sail away
Like a swan that’s here and gone
A man gets tied up to the ground
He gives the world it’s saddest sound
Qu’est-ce que j’ai pu l’écouter… celle-ci et les autres, c’est toute mon enfance et bien plus encore.
Et tes mots… et cette illustration… quelle harmonie, encore une fois!
Bisous
❤
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Je l’ai ecoutée en boucle tout le week-end 🙂 Heureuse de t’avoir évoqué des souvenirs d’enfance ou autres…
Et merci beaucoup ❤ Bises.
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